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Produire moins, vendre mieux

Dossier
Article d'opinion
Publié le 26/10/2011
Produire moins, vendre mieux
Depuis l'après Seconde Guerre Mondiale, la mission première de l'agriculture française et plus généralement celle européenne a été de produire, produire et produire encore. Normal, nous direz-vous au vue de l'appellation le plus souvent employé de producteur pour désigner la profession agricole. Après la terrible épreuve de la 2nde Guerre Mondiale, le monde politique de l'époque ne voulait pas prendre le risque de subir un nouvel incident mettant en péril son développement sur la scène internationale. Et cela est passé d'abord par la mise sur pied d'une agriculture capable de nourrir la population européenne toute entière voire exporter des denrées. Ce qui est passé par la mise en place d'une politique agricole. Paradoxalement, ce système, construit à l'origine pour faciliter la mission première des agriculteurs, s'est retourné depuis plusieurs décennies contre eux.

De la politique en agriculture

Afin d'harmoniser les pays de la Communauté Économique Européenne (appelé ainsi en 1957) dans leur objectif au sortir de la 2nde Guerre Mondiale, ces derniers ont signé le traité de Rome. Ce traité propose plusieurs clauses dont une particulièrement intéressante pour nous puisqu'elle concerne l'agriculture à travers 5 objectifs. L'orientation de ce traité est claire : produire et protéger des importations venant d'autre pays.
  • Productiviste : pour ne pas risquer de manquer de nourriture et devoir dépendre d'autre pays.
  • Protectionnisme : protéger les agriculteurs européens de la concurrence étrangère
Et c'est par ce Traité de Rome en 1957 que la Politique Agricole Commune est née.

Produisez, nous nous occupons du reste

La Conférence de Stresa (du 3 au 11 juillet 1958) a confirmé les objectifs pris dans le traité de Rome. Elle défini la base de la Politique Agricole Commune (PAC) :

  • unicité du marché: un marché européen unique
  • préférence communautaire : protège des importations des denrées sur le marché européen
  • solidarité financière : un tel système requiert une aide financière qui sera directement prélevé dans le budget européen lui même approvisionné par tous les pays y participant
  • prix minimum garantis pour les producteurs
Ensuite, pour appliquer tous cela sur le terrain, différents mécanismes ont vu le jour. Mais nous ne reviendrons pas dessus.

En revanche, ce que l'on peut directement constater dans cette politique, c'est qu'aucune décision n'a été prise concernant la pérennité et la dépendance des agriculteurs européens vis-à-vis du système créé.

La tenaille de la PAC

Les producteurs étaient donc directement inclus dans ce système. L'agriculture était bien évidemment très loin de ce que l'on peut connaître aujourd'hui. En effet, la mécanisation (notamment à travers la motorisation) n'est qu'à son balbutiement lorsque le Traité de Rome ou encore la conférence de Stresa se déroulent. Ainsi, ce productivisme prônée par la PAC devait renforcé d'autant plus, l'évolution voire la révolution de l'agriculture européenne. Et elle l'a fait! L'agriculture s'est modernisée pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui. Mais un point est resté toujours en suspend.

Quel avenir pour l'agriculture sans l'aide communautaire ?

Pour répondre à cela, différentes réformes ont été mise en place. Notamment celle de 2003 qui passe par le découplage des aides.

Mais globalement, nous retiendrons de cette politique que les agriculteurs n'ont jamais été confronté directement à la question de savoir comment sera écoulée leur production. Et pour cause ! Jusqu'à lors seul ce système unique, global et complexe permettait de le faire à leur place. Et cela à travers de grands groupes multinationaux qui ne sont évidemment motivés que pour acheter au prix le plus bas au producteur et en revendant au prix le plus haut possible pour le consommateur.

Et les conséquences d'un tel système n'ont pas beaucoup de chemin à faire pour qu'elles soient perçues. Le producteur n'a pas la main sur ses prix donc sa marge. Le seul professionnel qui ne puisse véritablement pas maîtriser sa marge, un comble...

Mais aujourd'hui, avec une réforme prévue de la PAC en 2013 (sans vraiment savoir de quoi il en retourne exactement), un contexte environnemental de plus en plus proéminent, une crise énergétique annoncée, la question de vendre en direct par le producteur ses productions devient de plus en plus légitime.

Vendre autrement

Évidemment, la question de savoir comment vendre autrement sa production est bien plus qu'un casse tête pour certain. En effet, le plus souvent les exploitations françaises se sont spécialisées. Certains sont éleveurs, d'autres arboriculteurs, maraîchers...

Et quand nous parlons de spécialisation, il en va, par exemple, de plusieurs milliers voire dizaines de milliers de têtes pour des éleveurs. Alors dans ces conditions, il n'est pas possible de dire qu'ils arriveront à écouler seul leurs productions en direct. Cela est tout bonnement impossible. A moins de se situer à proximité d'une agglomération et encore...

Parce que ces agriculteurs ne font leur marge que sur la quantité et non pas à l'unité. Cela étant conditionné également par les consommateurs recherchant les prix les plus bas. Quand nous disons bas c'est pour le consommateur car pour le producteur, le prix d'achat est bien évidemment ridicule. Mais s'ils savaient vendre, il serait tout autre...

Et oui, s'ils savaient comment vendre, la marge à l'unité serait multipliée. C'est pourquoi, dans ce schéma de fonctionnement la nécessité de produire en masse n'a plus de raison d'être.

Produire moins, gagner plus

Derrière ce titre provocateur, beaucoup se poserons des questions. Car il y a une chose qu'il faut préciser. Produire plus, n'a jamais été le meilleur moyen de gagner plus. Loin de là!

Comment gagner plus en produisant moins alors?

Le principe est fort simple. Nous pensons que le métier d'agriculteur doit changer. Pour cela, cette profession doit prendre sous son aile les parties de transformation et commercialisation.

Pourquoi ? Parce que c'est à travers ces étapes que la plus grande partie de la valeur ajoutée est à reprendre aujourd'hui. Il est donc évident que si l'agriculteur veut prendre possession de sa marge, ce qui est légitime, c'est sur ce point qu'il aura le plus gros à gagner. Et cela, avant même de faire l'effort de rechercher une meilleure façon de produire. Ce qui peut être déroutant à entendre de la part de cette profession.

Mais évidemment, il y a beaucoup de temps à consacrer et d'argent comme nous le rappelons dans le dossier précédent. Et c'est pourquoi, afin de se dégager du temps pour cette étape, produire moins est une solution pour éviter de devenir esclave de son travail. Car qui dit commercialiser dit reprendre plus de valeur ajoutée par unité vendue donc moins besoin de produire... Une sorte de cercle vertueux.

Ces deux activités devenant complémentaires, le besoin de produire plus pour les coopératives ou les grands groupe devient obsolète.

Certes, les agriculteurs ne seront pas tous unanime car être agriculteur ce n'est pas être commercial ou spécialiste du marketing. Mais cela s'apprend!


En bref, chez Illico nous avons la conviction que le métier d'agriculteur est en train et doit de toute évidence changer. Ceci dans le but de reprendre la partie de la valeur ajoutée qui devrait lui correspondre, à la hauteur de ses efforts. Aujourd'hui, cette valeur ajoutée est pulvérisée à travers des intermédiaires plus ou moins utiles.

Ce que nous souhaitons à la fin de ce dossier, c'est faire prendre conscience qu'il existe des alternatives aux démarches traditionnelles/conventionnelles et que gagner sa vie entant qu'agriculteur ne réside plus forcement dans la production pure mais bien là où la valeur ajoutée est désormais présente : la commercialisation.

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